Par Alan Freeman et Radhika Desai
Traduction: Violette Rennert
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Introduction
Le capital s’organise à un niveau mondial mais pas les travailleurs. Alors que les puissances de l’OTAN menées par les Etats-Unis mènent une escalade qui transforme le conflit en Ukraine en nouvelle guerre mondiale, ce déséquilibre devient intolérable. Cet article argumente en faveur d’une gauche anti-impérialiste mondiale, représentant les peuples ordinaires engagés en faveur d’un ordre mondial multipolaire juste et pacifique. Cet ordre multipolaire servira à la fois les intérêts nationaux de chaque pays et l’intérêt général de l’humanité.
Nous basons notre argumentations sur une évaluation historique de la dernière organisation de ce genre, l’Internationale Communiste, appelée aussi Comintern, fondée en 1919 et dissoute en 1943, et de ses deux prédécesseurs, l’Association Internationale des Travailleurs, ou « Première Internationale », fondée en 1864 et dissoute en 1872, et la Seconde Internationale, ou « Internationale Socialiste », fondée en 1889 et dissoute en 1914.
Le Comintern, troisième tentative d’une organisation mondiale de la classe ouvrière, a largement été le fruit tant de la révolution mondialement historique de 1917 que de l’Union Soviétique. Alors que de nombreux Russes, y compris le Président Vladimir Poutine, sont en train de reconsidérer le sens de la dissolution de l’URSS, il est temps de réévaluer aussi la décision d’abandonner le projet d’une organisation internationale des peuples non-possédants.
Notre argumentation est polémique parce qu’en Occident les partis qui se revendiquent en tant que « gauche », menés par le parti soit-disant de gauche des démocrates américains, soutiennent presque tous unanimement la guerre américaine par proxy interposé contre la Russie. Un degré supplémentaire de confusion provient du fait que de nombreux gouvernements de droite, tels que l’Inde, l’Arabie Saoudite et la Turquie, s’opposent activement aux sanctions, promeuvent des relations commerciales alternatives à celles imposées par les Etats-Unis et insistent pour que les préoccupations légitimes de la Russie en matière de sécurité soient dûment prises en considération.
Ces éléments ont mené beaucoup de gens parmi les branches nationalistes de la politique russe à conclure que les intérêts de leur pays nécessite des alliances avec les partis de la droite occidentale – notamment la tendance trumpiste du parti républicain. Inversement, les partis de « gauche » en Occident justifient leur soutien aux objectifs de guerre de l’OTAN comme étant nécessaire pour vaincre les forces de droite auxquelles ils associent le gouvernement russe actuel.